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DERNIERS EFFORTS

et en furent ivres de joie durant quelques heures… Mais, maintenant, tout changeait. La tourmente, sévère pour les bourgeois et les rentiers, fut désastreuse pour les pauvres. Impossible pour Valmore de trouver un emploi ; la pension de sa femme fut carrément supprimée ; aucun éditeur, malgré les démarches incessantes de l’excellent Brizeux, ne se hasardait à publier un volume de Marceline. Seuls, les enfants qui restaient commençaient à se débrouiller un peu : Hippolyte, qui, à l’exemple de son père, avait courageusement renoncé à tous les rêves artistiques dont sa mère l’avait bercé, gagnait quarante francs par mois comme surnuméraire au ministère de l’Instruction publique, et Ondine, l’énigmatique et délicieuse Ondine, résignée, elle aussi, était entrée comme sous-maîtresse dans un pensionnat de jeunes filles.

Il n’était que temps, car les appuis leur manquaient de tous côtés. À Rouen, les sœurs de Marceline se débattaient dans une misère comparable à la sienne, Félix, le malencontreux poète, n’ayant pas atteint la gloire, avait dû se réfugier, pour y finir ses jours, à l’hospice de Douai. À Paris, la grande Mars, qui avait toujours si généreusement défendu ses partenaires d’autrefois, mourait au milieu de la tourmente, bientôt suivie d’un autre protecteur influent et dévoué, Martin du Nord. Partout, les deuils, les angoisses, la plus pénible gêne. Et Valmore considérait avec éton-