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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

qui, durant de longues années, l’avaient dédommagé de temps en temps, et lui permettaient de croire à son talent méconnu. Finis les bravos, même ceux de la claque ! Il n’osait plus paraître sur les planches. Le malheureux homme songea au suicide, et ses lettres reflétèrent à un tel point ses sombres pensées que Marceline lui écrivit :

Mon ami ! Puisque toi seul au monde, toi seul ! peux me consoler, je te le demande par toutes les afflictions du passé, par ma volonté ferme et constante de les supporter par amour pour toi, je te demande plus que ma vie mille fois, je te demande de m’aimer. Tu n’as qu’une seule manière de me le prouver, mon cher enfant, une seule, c’est de passer avec moi généreusement ce moment d’attente et de faire pour moi ce que je n’ai fait que pour toi, parce que tu es à la fois mon ami, mon amant, mon mari, mon frère, mon père et mon enfant. Cela dit, cela juré du fond de nos entrailles, je te demande ce qui va m’abriter du désespoir où je suis, je te demande la seule garantie en laquelle je crois, et qui me suffira, qui me fera reconnaître, mais donne-la moi, ta parole de m’appartenir comme je t’appartiens[1], de vivre pour nous deux et les chers êtres qui t’aiment avec adoration et de penser à leur laisser un avenir serein au lieu d’un

  1. « Mon père avait la religion de la parole d’honneur », a noté Hippolyte.