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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

décret de la nature. Plus d’huile, dans la lampe, sa pauvre poitrine détruite, ne mangeant plus, désirant et repoussant mille choses dans un jour… On ne savait plus qu’inventer. M. Veyne cherchait à adoucir une fin inévitable. Il était consterné et n’osait plus entrer. Ce qu’il y avait de plus déchirant, c’était ses projets enfantins dont elle caressait son mal et qu’il fallait nourrir près d’elle. Maman a épuisé près d’elle ses veilles, son cerveau et son cœur. Tantôt Inès pleurait de reconnaissance, tantôt elle ne voulait voir personne. Tous les meubles, le secrétaire, la commode, le guéridon avaient passé chez elle. En revanche tout ce qui était à Ondine en était parti. La jalousie était une de ses maladies.

Enfin, vendredi (on s’y attendait un peu, mais comme tous les jours depuis quinze jours) quand, à quatre heures, je suis rentré, tout était fini depuis deux heures. Elle avait beaucoup souffert jusqu’au dernier jour, mais elle a perdu, le matin, toute énergie. Vers deux heures, elle t’a appelé deux fois, papa ! papa ! et peu après elle a expiré. Maman demandait ce qu’elle avait. On lui a dit qu’elle prenait Virginie pour toi et que c’était le délire. On l’a emmenée et empêchée de venir voir. Tous les détails ont été faits sous l’aide de Mme Abbéma, de M. Marin et de M. Fournier. Ondine n’a rien su que dimanche, après les derniers. devoirs. Je ne voulais pas qu’elle pût voir ce que j’ai vu : elle est trop délicate.