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II

UNE JEUNE PREMIÈRE


Aucun roman lacrymatoire de nos époques les plus sensibles n’égalait, en effet, l’histoire de sa fiancée. Marceline disait : « Depuis l’âge de seize ans, j’ai la fièvre et je voyage ». Elle adoucissait encore la cruelle réalité. Au vrai, elle atteignait à peine sa douzième année, que sa mère l’arrachait à l’ouvroir des bonnes Ursulines, où elle apprenait à coudre, pour l’entraîner avec elle dans la plus inconcevable, la plus extravagante randonnée.

Les Desbordes, Girondins émigrés aux Pays-Bas à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, n’étaient pas riches. Félix, maître-peintre doreur, né par hasard à Douai, d’un père horloger et gyrovague, avait tout naturellement été ruiné par la Révolution, comme les autres artisans de luxe. Comment nourrir ses huit enfants, puis les quatre qui avaient survécu