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ÉLOIGNEMENT D’UN VIEIL AMI

et où l’on parviendra facilement à lire tant de choses :

… Je n’ai pas défini, je n’ai pas deviné cette énigme obscure et brillante. J’en ai subi l’éblouissement et la crainte. C’était tantôt sombre comme un feu de forge dans une forêt, tantôt léger, clair comme une fête d’enfant ; un mot d’innocence, une candeur qu’il adorait, faisaient éclater en lui le rire franc d’une joie retrouvée, d’un espoir rendu. La reconnaissance alors se peignait si vive dans ce regard-là que toute idée de peur quittait les timides. C’était le bon esprit qui revivait dans son cœur tourmenté, bien défiant, je crois, bien avide de perfection humaine, à laquelle il voulait croire encore.

Il semblait souvent gêné de vivre et quand il se dégoûtait de l’illusion, quelle amertume venait s’étendre sur cette fête passagère !… Admirer était, je crois, le besoin le plus passionné de sa nature malade, car il était bien malade souvent, et bien malheureux !

Non, ce n’était pas un méchant, mais un malade, car l’apparition seule d’un défaut dans ses idoles le jetait dans un profond désespoir, ce n’est pas trop dire. Il en avait un quand nous l’avons connu. Jamais il n’en parlait ouvertement dans nos entretiens, qu’il cherchait sans doute pour distraire un passé plein d’orages.

Quelle organisation fut jamais plus mysté-