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ÉLOIGNEMENT D’UN VIEIL AMI

coffret, et à disperser au vent la cendre du poète !

On peut imaginer le désespoir de la pauvre vieille Pauline devant de telles constatations. Elle essaya de relever, de nettoyer les ruines, de rassembler les débris de son cher passé. Elle se heurtait alors à de nouvelles difficultés, à la terrible : question d’argent. Si bien qu’elle se vit obligée de vendre l’ermitage, moyennant une rente viagère qui assurerait ses derniers jours.

Déchirement sans nom ! Quand il fallut exécuter ce qu’elle avait signé, elle crut qu’on lui arrachait l’âme. Elle se cramponnait aux murs, jetait des cris aigus. On dut la transporter à l’asile Sainte-Anne d’Auray, à Châtillon, où elle mourut le 2 février 1878. Elle avait survécu vingt-sept ans à son poète, qu’elle vint rejoindre dans son caveau, à la place qu’elle s’était préparée.

Y trouva-t-elle enfin le repos ? Non, hélas ! comme si Latouche, même au delà de la tombe, devait infliger à celles qui l’aimaient de perpétuelles tribulations !

En 1916, leur sépulcre fut violé : le cercueil de l’ermite brisé, les lames de plomb arrachées, le squelette changé brutalement de place. Qu’avaient voulu les malfaiteurs ? Pensaient-ils découvrir là des trésors, peut-être des papiers inédits de Chénier, de Balzac, de Marceline Desbordes-Valmore ? Pauline, en effet, avait eu l’imprudence de noter dans Les