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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

religieuse avec sa robe noire et son bonnet blanc, et qui s’empressait à le servir.

Ce que cette intelligente, courageuse et modeste femme a souffert auprès de ce mourant si aimé, a écrit George Sand, nul ne le saura jamais, car jamais une plainte ne sortira de son cœur. Jamais un regard, jamais un soupir d’impatience ou de découragement ne firent pressentir au malade ou à ses amis l’énormité d’une tâche si rude pour un être si frêle[1].

Cette existence d’abnégation que, seul, peut expliquer l’amour en ce qu’il a de plus réellement passionné, dura de cinq à six ans. Enfin, le 27 février 1851, à midi, après un délire où Latouche, mourant en poète comme il avait vécu, murmurait des lambeaux de vers, Pauline lui ferma les yeux. Son roman était interrompu, sinon terminé. Elle fit ouvrir le corps de son ami, se fit donner son cœur, qu’elle mit pieusement dans un coffret de métal ; elle enterra ce reliquaire au pied d’un mélèze que l’ermite chérissait d’une dilection particulière. Le reste de la dépouille mortelle fut inhumé au cimetière de Châtenay.

La vie de la Portugaise est désormais plus calme, mais toujours en fonction du disparu.

  1. Notice de La Vallée aux Loups.