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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

lons parisiens et notamment chez Sophie Gay.

La mort de son père, survenue en 1836, fut pour elle une véritable catastrophe. Elle admirait autant qu’elle aimait cet homme aux aptitudes multiples, savant, homme politique, philosophe, orateur, qui, très fier de sa fille, la soutenait efficacement et l’aidait dans sa conquête de la renommée. Brusquement, elle se trouva seule, en plein désarroi. Un instant, elle songea à prendre le voile. Puis elle se ravisa et partit pour le Portugal.

Elle en revint en 1840, à bord du vaisseau l’Ibérie, et, comme Marceline rentrant des Antilles, elle se fit attacher au grand mât, sur le pont, pour repaître ses yeux d’une épouvantable tempête : les femmes de lettres romantiques avaient toutes les mêmes goûts.

Elle rapportait de Lisbonne quelques ressources, un peu d’expérience et un volume de vers : Au bord du Tage. C’est sans doute pour trouver un éditeur qu’elle se présenta, elle aussi, au Val, avec un chapeau de paille d’Italie et un imposant schall en cachemire. Latouche était seul. Il s’ennuyait affreusement. Elle conçut pour lui ce que l’amour peut inspirer de plus ardent et de plus fort.

Pour vivre avec le poète qu’elle idolâtrait, Mlle de Flaugergues eut à vaincre bien d’autres préjugés que n’en avait jadis rencontré Marceline. Elle appartenait à une famille et à un milieu qui ne savaient pas en faire fi.