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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

nesse, elle a commis des « erreurs inévitables » ; et elle s’écrie :

— Pourquoi n’étais-je pas digne de toi ? Pourquoi cette idée humiliante a-t-elle eu l’influence la plus néfaste sur toute notre vie à deux ?

Ce sanglot exprime dans sa simplicité une des pensées les plus justes de la pauvre femme. Lui reprocher, trente ans après, de n’avoir pas vécu une jeunesse irréprochable, alors que les fautes de cette jeunesse étaient bien connues, quelle pénible querelle ! Quand on a un tempérament aussi jaloux, on n’épouse pas une comédienne, qui vient de perdre son enfant naturel ; ou si l’on décide de le faire, on ne doit pas avoir le mauvais goût de le lui reprocher plus tard.

À ces disputes, le nom de Latouche ne se trouvait jamais mêlé. Les enfants ne parlaient plus de lui. Hyacinthe renonça même formellement à son prénom et, dès 1841, ne signa plus qu’Ondine. Quant à leur mère, elle affectait de se désintéresser totalement de l’homme bizarre et séduisant dont sa vie douloureuse était encore hantée, et le serait, maladivement, jusqu’à la mort.

Lui, menait, à Aulnay-sous-Bois, une existence de véritable reclus. Il avait même songé, après la dernière crise qui avait secoué ses tristes jours, à vendre son ermitage du Val et à se retirer dans la Creuse. L’opération n’eût pas été mauvaise, car son habitation solitaire