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LE MARI IRRITÉ

coup d’élégies et de romances de commande sur des sujets donnés, dont quelques-unes n’étaient pas destinées à voir le jour. Notre misère en a ordonné autrement. Bien des pleurs et des plaintes de Pauline se sont traduites dans ces vers que tu aimes, et dont elle est, en effet le premier auteur.

Après quoi notre vie a été si grave, si isolée, si indépendante et si la hâte tout ensemble, que je n’ai pas, je te l’avoue, donné une attention bien profonde à la confection de ces livres que notre sort nous a fait une obligation de vendre.

Toute ton indulgence sur le talent que je dédaignerais complètement sans le prix que ton goût y attache, ne me console pas d’une arrière-pensée pénible qu’il aura fait naître en toi.

Molière avait raison, Rousseau disait vrai et Mlle Lenormand était donc aussi éclairée en me disant d’un ton d’oracle : « N’écrivez jamais ! »

Tu vois bien que j’ai raison, mon bon ange, en n’éprouvant pas l’ombre de contentement d’avoir employé (mon temps) à barbouiller du papier, au lieu de coudre nos chemises, que j’ai pourtant tâché de tenir bien en ordre, tu le sais, toi, cher camarade d’une vie qui n’a été à charge de personne…