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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

mon cher mari. N’avaient-elles pas à me pardonner d’être ta femme, et, franchement, de ne pas mériter un tel bonheur ?

Mais cette union était marquée du ciel, voulue par ton père et nos amis que je remercie encore et toujours de m’avoir choisie, car je t’aimais tant ! Et trouves-tu que je ne t’aime plus de toutes les facultés de mon âme ? Sois sûr de moi, cher ami, dans la vie et dans la mort et reçois mes actions de grâces pour la tendresse dont tu payes la mienne, je ne la changerais pour quoi que ce soit dans le monde, et je te suivrai avec joie partout où Dieu sera assez bon pour nous permettre de vivre ensemble. Je te conjure de trouver là dedans toutes les compensations du passé dont les rêves tristes n’existaient plus pour moi. Je te prie de les traiter toi-même avec indulgence et de rien haïr de ce qui t’a aimé[1].

Sur ce dernier mot peut-être, Valmore aurait pu poursuivre l’enquête. Il n’osa point. Au lieu de demander d’où aurait bien pu provenir une telle indignité, il crut plus habile de se faire encore plus humble, d’attester le ciel que c’était lui le coupable, lui qui avait entraîné dans une existence affreuse un ange comme elle ! Fausse manœuvre dont elle profita pour reprendre l’avantage, et avec quelle maîtrise !

  1. Lettre du 27 août 1840.