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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

Certes, sauf à de rares intervalles, ils avaient bien peu fréquenté M. de Latouche. Il le savait de mœurs assez libres, et fort répandu. Mais enfin, pourtant, s’il allait, si invraisemblable que cela lui parût, découvrir le mot de cette énigme douloureuse qui tenaillait encore, sinon son amour, du moins sa vanité, toutes les fois qu’il relisait les poésies, charmantes, d’ailleurs, de son épouse ?

C’est alors qu’il s’avisa d’un stratagème assez bizarre, qui prouvera, tout au moins, qu’il n’était dépourvu ni de finesse ni de bon sens. Dans un vif mouvement, assez bien réussi pour paraître spontané, il déclara à Marceline qu’il avait un aveu à lui faire. Leur âge leur permettait, à lui de le formuler, à elle de l’entendre. Ils avaient passé l’heure des grands élans passionnels. Leur tendresse et leur confiance mutuelles assuraient la solidité de leur union. Il ne devait rester entre eux aucune ombre, aucun doute, aucun silence. Tout serait net et propre. Il éprouvait donc le besoin irrésistible de lui confesser que, parfois, il ne lui était pas demeuré fidèle, depuis qu’elle l’avait laissé seul, dans ce monde des coulisses, si rempli de tentations pour un artiste encore jeune, et beau, et applaudi… Car enfin, Lyon n’était pas Rouen.

Il pensait, naïvement, le brave homme, qu’à ce généreux meâ culpâ sa femme ne pourrait manquer de répondre par un geste identique. Elle aussi, touchée par sa sincérité, même si