Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

douce souvenance, de M. de Chateaubriand, ou telle mélodie de Lulli, Méhul, Grétry, Dalayrac, Spontini, ce qui fait que le rythme des paroles lui était dicté en quelque sorte par le chant, tandis qu’elle-même s’accompagnait, en pinçant une guitare.

Valmore était tout fier d’épouser une femme auteur. Il formait déjà des rêves grandioses. Ils rentreraient à Paris. Le Théâtre-Français l’attendait. Pendant ce temps, Marceline triompherait dans les réunions littéraires et serait couronnée par l’Académie. Elle écrirait des pièces qu’il créerait au milieu des ovations. Il lui en tracerait le plan et les situations. Tout l’enivrait. Il en venait à se croire, lui aussi, poète. Il écrivait des vers. Pas très bons :

Amour, telle est ma vie, en son brûlant voyage.
Mes jours, en s’écoulant, me laissent ton image…

La fiancée s’était montrée, d’abord, beaucoup moins enthousiaste. Elle ne pouvait pas croire à un sentiment profond de la part de ce tout jeune homme, qu’elle avait connu enfant. Elle lui avait d’abord écrit :

Oppressée de joie et de surprise, je crains… pardonnez-moi, je crains d’abandonner mon âme au sentiment qui la remplit, qui l’accable, oui, cette ivresse de l’âme est presque une souffrance ! Oh ! prenez garde à ma vie !

Et puis, peu à peu, elle s’était laissée con-