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LE MARI IRRITÉ

l’image et le souvenir de celui qu’elle voulait punir de son mépris :

Line… Je ne sais vraiment quel parti prendre sur elle. La laisser à Paris, c’est comme un rêve effrayant, par la mauvaise influence du personnage qui vient de te récrire encore[1].

Bref, au mois de février, le portrait n’avait pas été rendu, car Prosper n’avait pas trouvé le courage de répondre d’une manière ferme et de le réclamer. Sa femme se vit obligée d’intervenir énergiquement pour le forcer à prendre un parti. Comme il faisait mine de la consulter pour la dixième fois, elle lui écrivit :

Je t’ai répondu, relativement au dessin dont on t’offre la restitution, car je te laissais libre de le redemander. Fais comme tu l’entendras, sans mots blessants[2].

Valmore savait ce que parler veut dire. Avant la fin du mois, il eut gain de cause. Il reçut le malheureux portrait, mais Latouche s’était vengé. Il avait collé derrière le dessin de l’oncle Constant la lettre de Mme Récamier, datée de 1825, lui annonçant que, sur sa prière, elle avait fait attribuer à Mme Desbordes le traitement académique de Mathieu de Montmorency.

Un bienfait reproché tint toujours lieu d’offense !

  1. Lettre du 12 janvier 1840.
  2. Lettre du 16 février 1840.