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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

cer librement, que vous croyez l’avoir lâché, alors qu’il demeure irrésistiblement au bout de votre plume !

Malgré tant d’exclamations furibondes, Valmore était tout à la fois irrité et perplexe. Que signifiaient cette offre de Latouche, cet empressement de sa femme à vouloir qu’il l’acceptât ? Certes, bien qu’il n’eût jamais eu ni le goût ni le temps de faire causer sa fille, durant son séjour à Lyon (et l’on sait que Line n’était guère bavarde), il ne doutait pas que son ancien ami eût joué auprès d’ellé le vilain rôle d’un suborneur. Et comme il était fort honnête homme, paré déjà de la solennité d’un père noble, il ne transigerait pas avec son devoir, il écarterait ses enfants de l’ermitage du Val, où séjournait un vieux loup… Mais quel rapport entre ces relations interrompues et le portrait de sa femme ? Que Latouche eût mal agi vis-à-vis de la jeune fille qui portait son nom, cela empêchait-il qu’il eût été le patron de sa mère dans les lettres, et qu’elle lui dût la publication de ses poésies, son succès, sa notoriété, sa pension, la plupart de ses relations littéraires ? Et lui-même…

Aussi se trouvait-il inquiet, chagriné, gêné, il ne savait trop pourquoi, et les négociations, aussi pénibles que ridicules, traînèrent-elles en longueur. Valmore ne répondait pas. Latouche le harcelait. Marceline ne se décidait à rien, continuellement hantée par