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LE MARI IRRITÉ

sur l’amitié de Prosper Lanchantin. Celui-ci, vivement inquiet au sujet de sa fille, allait participer à la rupture finale, à laquelle de toutes manières, il se trouvait incité.



Nous sommes ici avec des gens de théâtre : puisque la rupture est effective, elle doit être marquée par un geste théâtral. Marceline n’avait pas à rendre à Latouche des lettres que sa vie conjugale l’avait obligée prudemment à détruire ; de son côté, il n’avait en sa possession aucun billet compromettant, son amie ayant exhalé publiquement, en vers, à peu près tous les sentiments qu’il lui avait inspirés ; mais il y avait un portrait, comme dans Le Joueur :

… Et ta maîtresse encor, hier, promit à Valère
De lui donner dans peu, pour prix de son amour
Son portrait, enrichi de brillants tout autour[1]

Il n’était pas aussi précieux, mais à coup sûr très ressemblant. L’oncle Constant Desbordes l’avait peint, et dans les premiers temps du ménage à trois, dix-neuf ans auparavant, Latouche l’avait reçu avec un vaniteux plaisir.

On ne le lui réclama pas. Mais, voyant que la brouille s’affirmait, il lui vint l’idée, par une audace quelque peu cynique, qui était

  1. Le Joueur, acte I, scène II.