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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

que temps après, Latouche écrivait à son envoyé cette lettre navrée :

Vous m’aviez offert de semer un mot pacifique sur le sentier d’une femme auteur, là où les ronces sont toujours faciles à naître. Je ne vous ai pas encouragé à cette bonne action, parce qu’on ne peut pas me pardonner là les torts qu’on a eus. Les calomnies sottes, les jalousies sans objet, les rancunes qui ont successivement empoisonné contre moi les regards de tout ce que je rencontre de cette famille par les rues sont implacables.

La seule affection qui m’y reste est virile : elle est à Lyon.

Ne compromettez pas trop votre crédit près du fantasque poète. Mais il me serait consolant, je l’avoue, que la pauvre et jeune souffrante sût que je l’aimerai toujours comme si elle était mon enfant[1].

C’est probablement à cette même époque qu’il écrivait ces vers désolés, publiés dans Les Adieux :

Pourtant j’avais prié, j’avais, avec des larmes,
Dit, à l’heure où minuit assoupit mes alarmes,
J’avais dit à genoux : « N’éveillez pas demain,
Mon Dieu, le voyageur fatigué du chemin !… »

Il avait bien raison d’être abattu : mais où il se trompait, c’est quand il comptait encore

  1. Lettre du 25 décembre 1839.