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LE MARI IRRITÉ

frant, déclara-t-il d’un air pénétré, et il est obligé de garder le lit. Il m’a prié de venir vous voir pour l’excuser, et pour vous supplier d’aller le voir. Il vous attend, il vous espère, étant trop fatigué pour sortir.

Marceline n’en crut pas un mot. La veille encore, dans la soirée, elle l’avait aperçu en train de faire les cent pas sur le trottoir.

— Non, monsieur, répondit-elle avec effort au parlementaire. Je ne puis me rendre à Aulnay. J’ai besoin de beaucoup de temps, de repos et de travail pour ma famille. Le caractère un peu trop violent de M. de Latouche me détermine à profiter de ce qu’il s’est éloigné de lui-même par des susceptibilités déplorables… Je ne veux pas le revoir.

L’entretien se prolongea pourtant. Il est bien difficile d’imaginer les confidences qui y furent échangées. Sainte-Beuve demeura-t-il fidèle à la cause de celui qui l’avait envoyé ou ne le ménagea-t-il que par intérêt et par crainte ? En tout cas, il s’efforça d’obtenir quelques paroles plus modérées, qu’il pût rapporter sans trop de difficultés à l’ermite du Val.

— C’est un homme, aurait-il dit, dont la situation littéraire est finie. Il n’a plus d’amis à force d’être tracassier. Je ne veux pas me le camper comme ennemi. Je serai poli pour vous et pour moi.

Malgré cette prudente diplomatie, la réconciliation ne pouvait avancer d’un pas, et quel-