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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

blable fureur, elle tire d’autres griefs de la tendresse malhabile d’un père tardivement révélé à lui-même. Elle déguise en passion redoutable et funeste une affection, qui, à aucun prix, ne saurait s’avouer. Ce faisant, elle n’ignore pas qu’elle brûle ses vaisseaux, que jamais le passé, dont elle se souvient avec délices et épouvante, ne pourra refleurir : elle s’est trop avancée pour reculer et engager de nouvelles négociations.

Lui, cependant, n’y avait pas renoncé. Il espéra encore, durant tout l’automne, parvenir à renouer. Il n’osait pas se représenter chez elle, appréhendant quelque scène. Il rôdait dans la rue La Bruyère, cherchant une occasion de rentrer en grâce, ou, du moins, d’avoir des nouvelles. Le 22 octobre, n’y tenant plus, il se hasarda à grimper les étages, à toquer timidement à la porte, puis à tirer le cordon de la sonnette : mais, du balcon, Inès l’avait aperçu et signalé. L’huis ne s’ouvrit pas.

Quelques jours après, il eut recours à un médiateur de marque. Marceline vit arriver le personnage papelard et cafard, qu’elle connaissait bien, et auquel elle devait déjà tant, M. de Sainte-Beuve, comme elle disait. Il avait dans la famille ses grandes et petites entrées. Il s’était assis avec Latouche à la table des Valmore, et il nourrissait, lui aussi, pour Ondine une affection, qui, assurément, n’avait rien de paternel.

— Notre ami se trouve malade, très souf-