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LE MARI TROMPÉ

Je ne pouvais aimer, Dieu le sait, qu’une enfant,
J’admirais ce front pur où sourit l’indulgence,

Chargé de la pensée, empreint d’intelligence.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’écoutais ses projets s’animer sur les miens :

Déjà je vivais moins de mes jours que des siens.
À voir cet avenir m’enlacer dans sa chaîne,
À sentir le roseau s’appuyer sur le chêne,

Je retournais, crédule, à des pensers chrétiens.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pour arriver enfin jusqu’à ce cœur si pur,

Qu’il fallut traverser d’amitiés périssables !
Mais Dieu met l’oasis dans le désert de sables,
Et pour payer des jours qu’épure un repentir,

Elle est la palme verte accordée au martyr.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Qui ne l’eût pas aimée ? On doit ce juste hommage

À la grâce, aux talents, doux trésors de son âge ;
Car les pinceaux, la lyre et les calculs savants,

Elle sait tout : Milton, la langue des Toscans…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un fraternel attrait liait déjà nos âmes,

Et d’obscurs envieux, quelques jalouses femmes
Du poison de leur souffle ont touché ce flambeau
Et ce qui fut sincère, élevé, chaste et beau
S’est brodé d’impudeurs en passant par leurs trames[1]

  1. Les Adieux. — Prévision