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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

d’un être charmant : la destinée ne l’a pas voulu. Tu penses bien qu’il ne s’agissait pas d’une femme, mais d’un enfant. Je le crois mien ; je voulais m’emparer de son sort. La mère est ingrate et jalouse, elle l’emmène à cent lieues de moi ! Je ne sais plus que croire et demander à Dieu en me couchant si ce n’est de ne m’éveiller pas demain[1].

Voilà le grand secret lâché, et la clé qui servira à débrouiller cette énigme. On pourra discuter. ce texte, qui nous a été révélé récemment[2], mais non point le biffer ; car c’est lui qui éclaire ces vers, naguère si obscurs, que Latouche, trois mois après, communiquait à Sainte-Beuve :

Illusion dernière où s’attachait ma vie,
Espoir de mériter le plus saint des amours,
Toi-même, ils ont voulu t’effacer de mes jours !
Elle, c’était mon âme et l’on me l’a ravie.
Pâle et frêle trésor ! La paix, à ses côtés,
Eût rouvert l’avenir à mes jours rachetés.
Quel lac, où, transparent, l’azur du ciel se mire,
A la sérénité de ton chaste sourire ?
Elle était pour mon deuil, après de longs hivers,

Avril, les chants d’oiseaux, l’aube, les buissons verts.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hélas ! Déjà sans but dans la vie importune,

Combattant sans drapeau, citoyen sans tribune,
Et, lassé des amours dont le cœur se défend,

  1. Lettre du 21 août 1839.
  2. Par M. Frédéric Ségu, loc. cit.