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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

Renouvelle à Léonie l’instante prière de ne jamais la laisser sortir seule, et ne permets pas qu’elle aille au spectacle, même avec Mlle Paule, excellente femme, mais très peu au courant des dangers comme invisibles qui peuvent entourer une jeune fille. Mon intention n’est pas de t’alarmer sottement, mais de nous bien entendre contre de mauvaises influences.

Line est trop pure pour entrer dans ce que j’ai à te raconter.

Garantis-toi de qui pourrait aller te voir, sous prétexte d’amitié. Je ne veux pas entendre parler de M. Pomet, rude et loyal garçon ; mais de l’étrange vieillard, plus fat que philosophe, qui ne cesse de s’agiter dans un besoin de vengeance. S’il va là-bas, comme je le crains, fais l’affaire au théâtre et sois averti que c’est le plus méchant des hommes. Cette douleur a été grave.

Je confie, de mon côté, Inès à ma sœur, qui la fait prendre par une amie sûre. Ici, je ne l’aurais pas jugée en sûreté non plus… Ne dis rien à Line encore. Ne lui fais pas de questions. N’éveillons pas l’imagination même d’un ange… Il y a longtemps que je l’ai mise sous la protection de la Vierge. Écoute : il n’y a qu’une puissance divine qui ait pu me faire découvrir tout ce que j’ai pu découvrir à temps[1].

  1. Lettre du 19 août 1839.