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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

qu’il a déjà revendu un couvert portant la marque G. « C’est le mien ! » s’écrie Mme Gervais. Et l’on mène l’innocente en prison ; on la livre au prévôt qui vient d’arriver. Tous les spectateurs se mouchent.

Au troisième acte, c’est d’abord le cachot, où Annette charge son ami Blaizot de porter les dix-huit francs accusateurs dans le creux du saule. Puis, ayant achevé ce qu’elle voulait accomplir, elle se laisse condamner à mort pour vol domestique.

Le théâtre change. Nous apercevons Blaizot sur la place du village. Il étale son argent sur un banc, pour faire ses comptes, car il est un peu niais. Et la pie, la pie fatidique reparaît ; elle lui enlève une pièce de vingt-quatre sous et s’envole dans le clocher, où notre comique la poursuit.

Cependant, on conduit Annette au supplice. Dieu ! que Mlle Desbordes était émouvante ! Elle pleurait de vraies larmes, quand elle s’agenouillait pour demander pardon, devant la demeure des Gervais.

À ce moment, éminemment dramatique, un cri retentit dans le clocher. Blaizot a retrouvé, dans la cachette de la pie, avec ses vingt-quatre sous, le couvert de l’implacable Mme Gervais. De là-haut, il le jette dans son tablier, il appelle, il sonne le tocsin. Tout le monde rentre en tumulte. On court au grand-prévôt, on lui arrache la grâce d’Annette ; et, pour que chaque spectateur sensible soit con-