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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

tendu solitaire se tournait d’un autre côté afin de se donner une compagnie : « Une autre famille s’est établie huit jours dans son ermitage et tout est déjà rompu. »

Cela devient de la hantise, les arguments les plus incohérents sont invoqués :

Cette oppression ne convient pas à mon caractère, à ma santé, à mes habitudes. Il prenait en haine nos pauvres amis. Ses opinions sont tellement violentes qu’il est fui et redouté par les républicains. Vivons avec des gens simples. Nous n’avons pas besoin d’intimité imposée : nous ne rendrons pas le calme à cet esprit, torturé… Ne le mets au courant d’aucun des projets de ton avenir. Quand j’ose croire du mal de quelqu’un, c’est qu’il m’est trois fois démontré[1].

Enfin, au cours de ce mois d’août, il fallut bien que le conflit éclatât d’une manière si brutale que Valmore prit carrément parti pour sa femme, contre l’ancien protecteur qu’il admirait et redoutait tout ensemble. C’est seulement à ce moment-là qu’une série de péripéties rapides vint brusquement changer la face des choses. Prosper avait agi jusqu’alors en mari indulgent et crédule, en comédien sifflé qui a besoin des littérateurs influents : il va se trouver obligé d’agir en père offensé ; ce

  1. Lettre du 6 août 1839.