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LE MARI TROMPÉ

de leurs litiges les plus pathétiques. Mais, ici, quoique lointain, le témoin le plus encombrant n’était-il pas ce mari, que Latouche, si habilement savait ranger de son côté ?

Laissons, crois-moi, ces mystères à qui de droit, lui écrivait Marceline affolée, et gardons notre indépendance. Je n’ai pas l’ombre de crainte, si tu suis ma prière, qui est de ne nous mêler de rien, et de ne rien écrire. Ceci, je te le recommande avec toute l’insistance de mon cœur. Il peut (ce que je désire) se raccommoder avec la jeune femme. Une coupable aimée est bientôt innocente — et lui montrer tes lettres trop pleines de candeur pour ces liaisons violentes…

Chacune de ces lignes constitue une manière de chef-d’œuvre. C’est que la pauvre femme craignait que son adversaire, qui annonçait son prochain départ pour le Berry, ne poussât jusqu’à Lyon. « Il fait tant de projets suggérés par l’ennui ! » s’écriait-elle. Et elle ajoutait : « Je comprends peu l’ardente amitié qui lui prendrait à ce point[1]… ».

En fait, Latouche ne quitta point Aulnay. Après les explications pénibles que nous devinons, il avait jugé inutile de reparaître rue La Bruyère. Il pouvait y estimer la partie perdue ; mais il continua, durant tout le mois de

  1. Même lettre du 2 juillet.