Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

une seule parole de ce que je t’ai confié, sinon que je le crois dans tout ce qu’il a nié et qu’il n’en faut plus parler[1].

Latouche avait eu bien raison de s’appuyer sur Valmore. C’était là ce qui pouvait le plus gêner Marceline. Le 1er juillet, il avait reparu devant elle, lui apportant une des naïves lettres de son mari.

— Vous avez donc écrit à Lyon que l’on vous adressait des menaces, madame ?

Sa tendre vieille amie souffrait physiquement et moralement d’une manière atroce. Elle commençait à ressentir à l’estomac des crampes d’une violence extrême, prodromes du mal affreux qui devait l’emporter plus tard. Cependant, elle put se ressaisir assez pour répondre :

— Mais c’est vous qui l’avez écrit, monsieur, en me rassurant sur la colère de la dame.

— Quelle dame ? Je ne connais point de dame, moi ! répliqua Latouche fort agacé.

— Si, monsieur, vous en connaissez une, et vous pouvez lui prouver que, si vous êtes un peu fâché contre moi, c’est parce que j’ai voulu lui rendre service. Votre honneur me rassure et vous direz toujours la vérité.

Cette pénible explication, la brusque rentrée de Line et d’Inès, l’interrompit. Drame quotidien des amants vieillis qui voient tout à coup des témoins gênants se dresser au milieu

  1. Lettre du 2 juillet 1839.