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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

ici la première fois que je m’ouvre à toi. Sois prudent, je t’en conjure ; Ne te livre pas, et fais comme tu as fait, ainsi que moi. Ménage son irritation : j’atteste que je n’ai rien fait au monde pour justifier tout ceci que de refuser d’aller à la campagne, et avec combien de douceur et de ménagements. Je n’irai jamais. D’abord je déteste la campagne par soubresauts, et je suis terrassée de travail. Après cela, son caractère ne me convient pas, et, de plus, s’il y a, en effet, une femme grimaçant de jalousie et de vengeance, je n’ai nulle raison pour vouloir l’exciter. Mon coin est bien préférable, et j’ai assez de chagrins, d’infortune et de souffrance pour mériter peut-être un peu de repos.

Veux-tu ma pensée tout entière ? Je ne souhaite pas que nous acceptions jamais aucun service de ce côté.

Et cependant elle ajoutait pour se faire pardonner un peu :

Je te jure, au reste, que je le recevrai toujours bien[1].

Il fallait citer la plus grande partie de cette lettre, qui est décisive et montre à nu la plaie douloureuse qui déchirait alors le cœur de Marceline. Elle est blessée à mort, mais elle s’efforce désespérément de le cacher. Elle sent

  1. Lettre du 23 juin 1839.