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LE MARI TROMPÉ

et qu’elle ne cessait d’échanger avec Latouche une correspondance enragée, toujours sur le même sujet. Bientôt cette correspondance rejaillirait jusqu’à lui, les deux adversaires essayant de l’utiliser l’un contre l’autre, sans jamais vendre, d’ailleurs, le secret de leur double politique et de leurs desseins.

Prosper insistait dans son idée de brave homme de tout concilier, et sa femme multipliait les mauvaises raisons :

Nous nous sommes fort bien quittés la dernière fois, et puis il a recommencé tout d’un coup à m’écrire des lettres sur lettres, auxquelles je ne comprends plus un mot. Il dit que cette femme me menace et qu’elle est furieuse contre moi… À l’égard des fureurs de cette dame, je ne crains que Dieu.

Il pouvait continuer à venir amicalement, simplement, comme je te jure que je n’ai pas cessé un seul moment d’être avec lui, mais il est comme dans l’huile bouillante et je défie les saints d’y tenir. Du reste, je ne savais pas du tout qu’il fût retombé dans ses noirs avant ta lettre et trois nouvelles qu’il vient de m’adresser. Il y a des moments où je crois que sa tête se dérange ; je l’ai vu, un jour, très effrayant.

Et alors, la précaution suprême :

Il dit que je l’influence contre lui, et c’est