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LE MARI TROMPÉ

migraine. Prétexte peut-être à parler le moins possible, à ne pas s’engager. Elle serrait dans sa poche une lettre reçue depuis une heure, une lettre où Louise Ségaut lui apprenait, « avec toute la joie d’un cour, passionné, sa réinstallation à Aulnay », l’attribuant à son refus d’y retourner et lui jurant une reconnaissance éternelle. Scène d’une terrible ironie, « Ah ! pensait Marceline, les hommes sont (quelquefois du moins), bien enveloppés et peu naïfs !… »

Rongée de jalousie et de chagrin, elle demeurait impassible, tandis que son ancien amant lui reprochait de temps en temps de céder à un impardonnable caprice. Rien de moins capricieux que son attitude. Si elle et ses filles revenaient à Aulnay, ce ne serait que pour s’y retrouver seules et sans rivales.

Valmore accepterait-il cela ? Non, certes ! La lettre de Latouche l’émut beaucoup, le piqua au vif. Il sermonna sa femme, lui fit sentir l’injustice et la sévérité de sa conduite, et avec une vivacité tellement pressante qu’elle fut obligée de chercher un autre terrain de défense. À la fin du mois, elle lui répondait pour se disculper :

Tu m’étonnes bien, en me disant que M. de Latouche croit Mme Duchambge son ennemie, elle qui porte aux nues son talent, le goût exquis de son style qu’elle adore, et qui est si fière d’une petite lettre charmante qu’il lui a