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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

le reçut, comme les femmes de son genre savent admirablement le faire, avec une cordialité feinte. Elle en rendit compte à Valmore, en s’écriant : « Oh ! que tu m’as appris à comprendre le vrai ! Pourquoi les âmes les plus droites sont-elles prises par ces formes brillantes ! »

Le contact ainsi rétabli, Latouche revint, trois ou quatre jours après. Il apportait à Marceline une lettre destinée à son mari, où il se plaignait amèrement de Pauline Duchambge et de Caroline Branchu, qui, croyait-il, n’avaient cessé de le calomnier vis-à-vis de ses amis. Avec une certaine audace, il ne se contentait pas de dénoncer leurs agissements et de les repousser ; mais il prenait hardiment l’offensive. À la situation désemparée où se trouvaient Mme Valmore et ses filles, un seul remède. Que le mari, de son exil de Lyon, se confiât à lui, qu’il lui déléguât ses droits de chef de famille ; qu’il usât de son autorité pour commander à son épouse de lui conserver devoir, estime et affection.

Ayant remis cette épître, qui serait lue d’abord par l’intéressée, il n’en doutait pas, il parla avec cette douceur et cette courtoisie où il excellait, évitant les sujets brûlants, laissant seulement échapper quelques plaintes sur « sa solitude à la campagne », où il vivait si isolé, « n’ayant pas une âme avec qui échanger une parole ».

Son interlocutrice souffrait d’une violente