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LE MARI TROMPÉ

peut être très haute et très belle, mais son caractère est si tourmenté !…[1]

De loin, au milieu de toutes les difficultés mesquines de sa vie de comédien, Valmore, durant plusieurs mois, allait, presque quotidiennement, recevoir les échos du drame qui se déroulait là-bas, entre sa femme et son ami, car, notons-le bien, ce n’est que vers le mois d’août que sa fille commença d’y être mêlée. Il apprenait qu’en rentrant à Aulnay, Latouche avait essayé, et qu’il essaierait encore des tentatives de conciliation. À part lui, ce dernier était exaspéré des maladresses et des assiduités de Louise, qu’il appelait une « Laïs sans cœur », une « Léna », qu’il accusait d’avoir voulu lui imputer même un bâtard imaginaire. Il s’écriera, par une claire allusion à Marceline, dans un poème des Adieux :

Et, femme, trouvera des femmes pour le croire !

Mais, de là à reprendre dans ses bras la pauvre vieille amie, que depuis un quart de siècle il avait si patiemment éliminée de son existence, il y avait un abîme, qu’il ne franchirait jamais. Il jouait donc un jeu difficile, presque autant que celui de sa partenaire.

Au début de juin, il lui rendit une visite très correcte, sans bouderies ni mignardises, où il ne parla à peu près de rien. Marceline

  1. Lettre du 21 mai 1839