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LE MARI TROMPÉ

phrases aimables, Mme Valmore en subissait une affreuse crise. Ainsi, cet homme qu’elle croyait tout à elle dans sa solitude désabusée, aimait ailleurs, il était aimé par une autre, qui, fatalement, le reconquerrait !

Ce fut pour elle une souffrance d’autant plus atroce qu’elle devait la dissimuler devant tout le monde. Elle ne voulait, elle ne pouvait plus demeurer à Paris, d’où constamment ses filles l’entraîneraient vers Aulnay. Il fallait qu’elle s’en allât. D’autre part, sans se fâcher avec celui auquel elle devait tant et dont elle avait tant à espérer, comment supporterait-elle de rester le témoin d’une liaison qui, même singulièrement relâchée, la désespérait ? C’est cela que nous déchiffrons dans ces lettres tragiques auxquelles Valmore ne comprenait rien.

Je suis plus embarrassée que jamais avec M. de Latouche, ce qui me donne, je crois, un air de contrainte et de froideur, dont je ne peux triompher, quoique je l’aime beaucoup. Mais, aux craintes que nous causait déjà son caractère se joignent à présent les confidences terribles de cette malheureuse femme, et ma présence dans cette campagne me met dans un grand trouble.

Je cherche dans ma tête et dans mon cœur le moyen de ne froisser ni l’une ni l’autre de ces deux personnes. Lui nous donne des témoignages d’attachement qui commandent