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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

Pour expliquer la rupture des Valmore avec Latouche, on invoque d’habitude la passion déplorable que la jeune Line aurait inspirée au solitaire d’Aulnay-sous-Bois. Mais les lettres et les dates, quand on les respecte, bouleversent les systèmes a priori. Tout est venu, nous le voyons, de l’entrée en scène de Louise Ségaut, dont la présence et les aveux ont frappé Marceline en plein cœur.

Nous savons que si Latouche n’avait cessé, depuis vingt ans, de se montrer l’ami le plus attentif et le plus dévoué du ménage, il y avait de longues années qu’il écartait soigneusement son ancienne maîtresse de son intimité. Nous savons quel coup douloureux ç’avait été pour elle… Or, depuis six mois, tout paraissait changé. Grâce à la présence de Line, à son charme séduisant, original, le poète amer et misanthrope avait reçu de nouveau tout près de lui son amante quinquagénaire. Les jeunes filles les protégeaient tous deux, elle, d’une dérobade, lui d’effusions dont il n’éprouvait nulle envie. Ainsi pouvaient-ils espérer de vieillir dans une sorte de faux ménage, complètement apaisé, approuvé par le mari lui-même. Pour Marceline, bien plus sentimentale encore que passionnée, c’était presque du bonheur.

Louise Ségaut avait tout brisé. L’amour, le grand amour, même devenu entièrement platonique, n’ignore nullement la jalousie. Malgré ses réticences, ses compliments, ses