Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

trouvera un asile. Elle partagera avec lui le dernier morceau de pain. « Ah ! généreuse amie, tu seras récompensée ! », car vous devinez bien que le voyageur n’a joué qu’une comédie pour éprouver, comme Argan, les vrais sentiments de sa famille. Il est riche, très riche. Il épousera la tendre bienfaitrice, et sa seule vengeance sera d’obliger les collatéraux à signer au contrat.

Cette niaiserie était fort goûtée ; beaucoup moins cependant que La Pie voleuse, de Caigniez et Daubigné, que l’on venait de créer à la Porte-Saint-Martin et que Rossini allait faire jouer en opéra, à la Scala de Milan, sous le titre célèbre de La Gazza Ladra.

La Pie voleuse ou la Servante de Palaiseau ! Dans ce mélodrame en trois actes ; Mlle Desbordes incarnait la jeune Annette, placée chez le riche cultivateur Gervais. Une fille honnête, issue d’une bonne famille qui a eu des malheurs : son père, M. Granville, autrefois gros fermier, s’est ruiné et n’a eu d’autre ressource que de s’engager dans l’armée. Or, notre bonne à tout faire est tellement gentille qu’elle a causé quelque trouble à Palaiseau. Le bailli du village brûle pour elle, et aussi le fils de la maison, Richard, qui, justement, revient du service pour l’épouser. Fête de famille. On confie l’argenterie à Annette, avec les plus instantes recommandations, car, il y a quinze jours, une fourchette a déjà disparu.

Or, après le dîner, tandis que la jeune fille