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LE MARI TROMPÉ

J’ai donc vu la personne dont il t’a parlé vaguement. Elle est intéressante, malheureuse, et l’aime à ne pouvoir vivre sans lui, bien qu’elle ne puisse vivre avec lui par son caractère terrible. Elle m’a tout raconté, et j’ai été déchirée de ses souffrances. Elle l’aime pourtant beaucoup, mais il paraît las des orages de leur position et voulait en affranchir elle et lui.

Je me conduirai dans tout cela comme je le dois, car je plains l’un et l’autre, et je me retirerai doucement d’un chemin où j’aurai moins de repos que dans ma solitude. Ne t’en fais pas un trouble, compte sur mon amour ardent de la paix, et ma reconnaissance, à tout prendre, pour l’amitié qu’il a pour nous. Je ne heurterai rien, d’accord avec la charmante femme qui m’a livré son secret et ses larmes.

Ne parle qu’à toi seul de ce surcroît d’ennuis, dont j’avais le pressentiment, mon cher Valmore ! Ceci est un secret, qui est à nous seuls. Restons-en les maîtres. Le temps, mes prières et Dieu aplaniront doucement tous nos écueils[1].


Nous ne possédons pas le texte de la réponse que le bon Prosper formula à cette bizarre nouvelle. Comme nous savons cependant que c’était un homme de bon sens, nous devinons sa réaction toute naturelle, au moyen des missives suivantes de sa femme. Il admira

  1. Lettre du 29 avril 1839.