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LE MARI TROMPÉ

qu’elle eût quelque talent, elle parviendrait bien plus aisément que sa mère à une honorable carrière littéraire.

En attendant, grâce à elle, Marceline, Hippolyte et Inès étaient souvent les hôtes du Val. Ils en éprouvaient des impressions diverses : la mère, une mélancolie troublée d’une indéfinissable angoisse ; le fils, une joie bruyante de rapin, la petite sœur, une sotte jalousie de gamine trop gâtée… Malgré ces nuances, il n’y aurait eu qu’à se réjouir, si un bizarre incident n’était brusquement venu tout brouiller.

L’intimité était devenue telle que Line et Inès passaient quelquefois plusieurs jours de suite à l’Ermitage, où elles faisaient la joie de leur vieil ami. Souvent malade, toujours aigri contre une société qui n’avait pas voulu reconnaître et saluer son mérite, il oubliait ses maux en les regardant s’épanouir librement, hors des tristes contraintes que leur existence misérable leur avait imposées. Ils composaient presque une famille.

Le temps affreux qu’il fait, écrivait Marceline à son mari[1], ne m’a pas permis de retourner à la campagne et ne l’a pas rendue bien profitable à la petite Line. J’y vais demain pour voir par moi-même cette chère santé qui me préoccupe comme toi. M. de Latouche, qui a mal à la gorge et à l’oreille,

  1. Lettre du 25 avril 1839.