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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

paraissait singulièrement humanisé. Il acceptait que toute la famille vînt lui rendre visite et respirer l’air pur dans ses bois.

J’ai été comme arrachée à la douceur de t’écrire par Pauline Berteau, mandait Marceline à son mari, M. de Sainte-Beuve, et enfin par M. de Latouche, qui est arrivé pour nous emmener tous avec lui. Mais Hippolyte ne pouvant revenir demain à Paris pour l’heure du cours, j’ai laissé seulement Line et Inès passer cette belle journée à la campagne, et moi, vers six heures, ayant donné la liberté à Antoinette[1], j’ai été dîner seule avec ton fils pour le distraire de notre solitude qui l’étonne et qui m’écrase… Line était beaucoup mieux aujourd’hui. Je te tiendrai bien exactement au courant de cette chère enfant trop mystique et trop cachée. Il lui faudrait… Hélas ! Je ne sais quel bonheur, puisque notre amour n’est pas assez tendre. Je vais demain les rejoindre avec Hippolyte et je reviendrai le soir[2].

Voilà qui semblait parfait. La mère et les enfants avaient retrouvé une rare et douce intimité avec M. de Latouche. Il n’y avait qu’à s’en réjouir. Valmore les imaginait avec plaisir à Aulnay-sous-Bois, dissipant la solitude de ce Val, où leur grand ami était venu s’enfermer.

  1. La servante.
  2. Lettre du 21 avril 1839.