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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

dent pas. L’heure sonnait de jouer le tout pour le tout, sur le double terrain de la littérature et du théâtre. Et puis, même en supposant que le découragement les portât à se sacrifier, à s’enliser aux bords de la Saône et du Rhône, il y avait l’éducation et l’avenir des enfants, qui pressaient. Hippolyte avait quitté Grenoble. Il fallait lui donner les moyens d’étudier sérieusement la peinture, pour laquelle, comme le vieil oncle Constant, il se sentait de réelles dispositions. Et Hyacinthe ? Elle était déjà grande, elle devrait se préoccuper de trouver un emploi dans les lettres ou l’enseignement artistique… Pour tout cela, Paris était indispensable. Il ne pouvait être question de s’enfermer là-bas.

Valmore ne résistait pas à ces démonstrations de sa femme. Elles lui paraissaient irréfutables. À tel point qu’il ne se doutait pas d’où venait la chaleur de son éloquence, et qu’un désir véhément, incoercible, la travaillait de ne plus s’exiler loin de son amour, à ce moment fatidique de sa destinée, où tombait le crépuscule de l’automne. Combien de jours lui restaient à vivre maintenant ? Et elle les jetterait dans le vide ?

Pendant deux ou trois mois, on retourna dans tous les sens cette situation insoluble. Hippolyte et sa grande sœur, qu’on appelait Ondine, ou Line, dans l’intimité, commencèrent à s’installer dans leur travail. Le jeune homme fréquentait l’École des Beaux-Arts,