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AUX ÉCHOS DE WATERLOO

à Bruxelles, ils l’accompagnaient dans Andromaque et dans Iphigénie.

On sent bien cependant que Valmore, jeune grand prêtre de la tragédie, eût porté moins haut sa camarade, si elle n’avait fréquenté que son propre répertoire, pour lequel elle manquait de voix, de distinction et de style : mais elle avait ses rôles à elle, qu’elle marquait par de véritables triomphes.

Nul n’a oublié le mot fameux de cet officier de la Grande Armée qui disait à Stendhal : « Depuis que j’ai vu la retraite de Russie, l’Iphigénie en Aulide, ne me paraît plus aussi dramatique qu’auparavant. » Hélas ! Quelles pièces contemporaines jouait-on à Bruxelles, encore ébranlée du canon de Waterloo ? Veut-on savoir dans quels personnages Mlle Desbordes recueillait le plus de bravos ? Passe pour la Rosine du Barbier de Séville, fantaisie immortelle ; mais la voici dans L’Habitant de la Guadeloupe, trois actes en prose tirés par Mercier du roman anglais Miss Sydney Bidulph.

Elle joue là dedans le rôle de Mrs Milville, jeune veuve honnête et éplorée. Un de ses cousins, parti pour les Antilles depuis vingt ans, afin de racheter ses erreurs de jeunesse, revient tout à coup, entièrement ruiné. Qui prendra pitié de lui ? Un autre de ses parents, Dortigny, riche financier, et son épouse, l’éconduisent durement. C’est dans la maison de la femme pauvre et toujours larmoyante qu’il