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LE MARI SIFFLÉ

du souci angoissant du lendemain. Où tenter de se réfugier sitôt rentré en France ? Aucun espoir, bien plus, aucun désir de rentrer à l’Odéon pour y reprendre la tâche ingrate d’administrateur ou de régisseur : mieux valait renoncer à ce théâtre maudit, s’enfermer au fond de quelque bureau ! Oui, mais lequel ? Le plus simple peut-être ne serait-il pas de s’arrêter encore à Lyon, de demander asile dans cette ville, où certes les feuilletonnistes ne le portaient pas aux nues, mais où, enfin, le bon gros public avait pris l’habitude de l’entendre et de l’applaudir, depuis d’assez longues années ?

Marceline n’accepterait jamais de retourner aux alentours de la place Bellecour ou de la place des Terreaux ! Elle avait pris décidément Lyon en horreur, sans trop savoir pourquoi. Il lui fallait ce Paris qui l’exténuait pourtant, mais où, sans doute, elle croyait trouver la gloire et la fortune, car on eût dit qu’un irrésistible aimant l’y ramenait toujours !

Valmore la considérait avec tristesse. Ses deux filles, frileusement, se serraient l’une contre l’autre, et se demandaient quel différend énigmatique séparait leur père et leur mère, en des circonstances aussi cruelles, où chacun aurait dû s’expliquer à cœur ouvert.

Ils remontèrent ainsi vers le Simplon, et passèrent à Genève, où une nouvelle avanie les attendait. Les Français juste à ce moment-