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LE MARI SIFFLÉ

On essaya vainement de se raccrocher à quelque espoir d’arrangement. Plus d’argent en caisse. Les artistes ne toucheraient même pas les appointement de leur second mois.

Rien ne peut évoquer ici ce nouvel échec lamentable de Valmore, et son écrasement.

La famille se serrait autour du père désolé, qui s’accusait d’avoir entraîné les siens dans cette déplorable aventure. Tous malades, fiévreux, enroués et enchifrenés. Le jour était lugubre. Il pleuvait à torrents. Dans la cour, profonde comme un puits, une roue, qu’un pâtissier avait installée pour fabriquer des sorbets, grinçait horriblement et alternait avec la prière glapissante « à déchirer la gorge », d’une école italienne du voisinage.

Marceline ne parlait pas. Un feu étrange brûlait ses prunelles. À quoi songeait-elle ? Au chagrin unique de quitter l’Italie, d’y interrompre son rêve évocatoire. Donc, elle n’irait pas à Rome, où Hyacinthe avait vécu avant l’écroulement de l’Empire, où il avait connu Juliette Récamier. Elle écrirait, le 20 septembre à Pauline :

Et moi, sais-tu ce que je regrette de cette belle Rome ? La trace rêvée qu’il a laissée de ses pas, de sa voix si jeune alors, si douce toujours, si éternellement puissante sur moi, je ne demanderais à Rome que cette vision : Je ne l’aurai pas.