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LE MARI SIFFLÉ

Quelle passion jeune et vibrante, et comme on y retrouve bien la marque de l’amour, du véritable amour qui se moque de tout et torturera cette femme jusqu’à la fin !

Elle est de la même époque, la fameuse lettre à Pauline Duchambge, la seule personne peut-être à laquelle elle se soit pleinement confiée :

J’ai tenté Dieu, Pauline, à force de lui demander l’éloignement de ce qui me faisait mal à Paris. Dieu m’a jetée loin de tout ce qui m’y attachait… Au milieu de toutes ces choses, je couve un désespoir dont toi seule connais toute l’étendue et je suis folle à l’intérieur de moi-même en tâchant de faire bon accueil au malheur… Écoute, Pauline, je sens qu’il y a là dedans plus que du hasard ; il y a la volonté de la Providence qui me châtie. — Mais pourquoi mes enfants innocents ? Pourquoi Valmore ?… Venir en Italie pour guérir un cœur blessé à mort d’…, c’est étrange et fatal !

… Un cœur blessé à mort d’amour ! Le mot a été coupé, mais on le restitue facilement. Si nous n’étions pas en présence du génie et du malheur, comme tout cela serait ridicule ! Inutile de dire que Valmore ne devinait rien de ce secret désespoir ; à voir sa vieille épouse si continuellement agitée, il croyait tout naturellement qu’elle s’inquiétait de constater le re-