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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

aise que dans la comédie de Sedaine, il ne put littéralement placer un mot. Quelques braves spectateurs du parterre, outrés de cette façon d’agir et de condamner un homme sans l’entendre, se précipitèrent à l’assaut contre les siffleurs. Il fallut alors appeler les commissaires de police, qui, aidés de quelques jeunes gens, « constables spéciaux », procédèrent à l’arrestation de deux forcenés.

Le tumulte ne cessa point pour cela. Chaque fois que Valmore reparaissait, il enflait encore, à tel point qu’il fallut interrompre le spectacle et faire évacuer la salle. Les bagarres continuèrent dans la rue. Une grêle de pierres creva les vitres du côté du foyer.

Il faudrait admirer, à notre époque sceptique, cette prodigieuse ferveur pour les choses de la scène, si l’on ne se disait pas, en même temps, que ces bruyantes plaisanteries, sous prétexte d’art, réduisaient une famille à la mendicité. Marceline, qui assistait, épouvantée et navrée, à cette stupide bataille, nous en a laissé l’impression la plus exacte :

Un ouragan théâtral a brisé en un quart d’heure l’engagement théâtral de Valmore. On joue aux dés, à Rouen seulement dans l’univers, la destinée d’un artiste, au renouvellement de l’année qui commence en avril. Et c’est en mai que l’ouverture du théâtre vient de se faire. Après un an d’épreuves, de faveur, d’estime et souvent d’enthousiasme,