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LE MARI SIFFLÉ

l’interrompre, et malgré les applaudissements de la majeure partie du public, continuèrent jusqu’à la fin. Ils augmentèrent même à tel point au cours de cette lutte absurde, que le régisseur, pour calmer le brouhaha, vint donner raison aux protestataires et déclara officiellement que « Valmore était tombé ».

Le malheureux acteur, qui voyait ainsi s’effondrer ses ressources et celles des siens, chercha à se raccrocher à ce que la situation offrait d’irrégulier et d’équivoque. Dès le 21 mai, il écrivait au Journal de Rouen :

Lors de ma rentrée au théâtre, des troubles dont l’équité ne peut me rendre responsable ayant éclaté vers la fin de la pièce, l’exaspération qui devait s’ensuivre et dont l’effet nuisible devait infailliblement rejaillir sur moi semble m’autoriser à en appeler à un second jugement.

Après avoir éprouvé pendant un an la bienveillance du public c’est sur son impartialité que repose tout mon espoir.

Puis-je attendre de vous, Monsieur le Rédacteur, que vous voudrez bien être mon interprète auprès du public et agréer, etc…

VALMORE.

Hélas ! notre grand premier rôle obtint son second début ! Mal lui en prit. Quand il se présenta dans La Jeunesse de Henri IV, où il se trouvait cependant beaucoup plus à son