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LE MARI SIFFLÉ

femme ne marquait plus qu’indifférence ou aversion. Ce qui était absurde et déplorable : malgré l’échec retentissant de La Reine d’Espagne, Hyacinthe n’avait pas perdu toute influence sur le baron Taylor et aurait pu soutenir très utilement les efforts généreux de Mlle Mars en sa faveur. Aux objurgations de son mari, Marceline ne répondait que par un haussement d’épaules énervé :

— Qu’irais-je faire chez Mme Récamier ? Du temps et de l’entraînement, et je n’ai ni l’un ni l’autre. Je tâcherai d’en avoir pour M. de Latouche.

Et quatre jours après :

— En passant chez M. de Latouche, j’ai laissé mon nom et mon adresse. Je doute qu’il vienne, car il habite presque à demeure à la campagne. Enfin, c’est un devoir rempli.

Il était parfaitement exact qu’après une période extrêmement brillante, Hyacinthe avait heurté un écueil. Les jalousies et les haines s’étaient donné libre carrière autour de sa chute définitive comme auteur dramatique. Traqué, moqué, vilipendé, l’ancien directeur du Figaro, s’enfermait à Aulnay-sous-Bois, et y commençait cette existence de misanthrope, que diverses circonstances assombriraient encore, et qu’il mènerait durant un quart de siècle. Son ancienne maîtresse le voyait très peu. Il n’en souffrait pas outre mesure. Cette quadragénaire n’aurait apporté à ce raffiné que l’image déformée,