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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

quand elle lui déclarait que c’est pour lui seul qu’elle travaillait.

Un asile sûr… loin de l’intrigue, de l’erreur, des fausses illuminations, des affreuses antichambres, un pot de fleurs sur mes fenêtres, et toi dans la plus humble maison, voilà ce qui en tout temps suffira et aurait suffi à ma joie intérieure.

Si l’éloignement lui ramenait sa vieille jalousie, elle recommençait ses explications toujours pareilles :

Ces poésies, qui pèsent sur ton cœur, soulèvent maintenant le mien de les avoir écrites. Je te répète avec candeur qu’elles sont nées de notre organisation : c’est une musique comme en faisait Dalayrac. Ce sont des impressions souvent observées chez d’autres femmes qui souffraient devant moi. Je disais : « Moi, j’éprouverais telle chose dans cette position », et je faisais une musique solitaire, Dieu le sait[1].

Prosper n’insistait pas. Sur qui donc eût-il fait peser sa rancune ? Même si quelque maladroit, naguère, avait prononcé le nom de Latouche, il n’avait maintenant qu’à hausser les épaules, car, envers cet ami si dévoué, sa

  1. Lettre du 2 décembre 1832.