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LE MARI SIFFLÉ

D’abord, il y avait l’éducation d’Hippolyte. L’enfant atteignait sa douzième année. À qui le confier ? Comment travaillerait-il sérieusement, avec ces changements, ces heurts perpétuels, dans cet intérieur bousculé par les piaillements de ses deux petites sœurs ? Un projet mirifique se fit jour. Caroline Branchu, malgré sa laideur et son âge, avait alors pour amant un homme fort distingué, érudit et poète, Pierquin de Gembloux, qui, par surcroît, était inspecteur d’Académie. Il proposa de prendre l’enfant auprès de lui, dans une institution de Grenoble, chez un certain M. Dessaix. Marché conclu avec beaucoup de reconnaissance. Le père s’organisa pour vivre en célibataire à Rouen, tandis que sa petite famille recommençait à courir les routes.

Marceline accompagna son fils en Dauphiné, et l’y laissa avec un déchirement de cœur inexprimable. Elle fit un voyage affreux. Une nuit, vers trois heures, la diligence fut tellement embourbée, qu’il fallut descendre, patauger dans l’eau, les pierres, l’obscurité… La malheureuse mère retomba à Paris en plein hiver, chez Pauline Duchambge, toujours seule et ruinée par le tremblement de terre de la Martinique. Dès qu’elle eut repris haleine, elle recommença ses épuisantes démarches.

L’idée persistante de poursuivre la gloire parisienne causait l’infortune des Valmore. Prosper la partageait. Il croyait son épouse,