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LE MARI SIFFLÉ

Talma pour manifester leurs sentiments romantiques. En se présentant devant eux, notre tragédien risquait gros.

Quelle que fût pour lui l’admiration touchante de sa femme, il faut bien se demander tout de même s’il avait quelque talent, car, après des débuts hésitants, nous allons voir s’ouvrir pour lui une période de pénibles échecs.

Il y a d’abord une chose incontestable : c’est que, malgré les efforts inouïs de Marceline et les protecteurs illustres qu’elle avait trouvés, le Théâtre-Français qui l’avait engagé tout d’abord ne voulut jamais le reprendre, du moins pour un emploi honorable. Alexandre Dumas, prodigieusement sollicité, fit de même quand il fut directeur et constitua une troupe. Victor Hugo ne lui confia jamais rien. On professait d’un culte pour sa compagne, une profonde sympathie pour lui, car il était honnête, consciencieux : « On le prenait pour un saint, a dit Marceline, tellement son caractère était plein de charité. » On voulait bien le prendre comme régisseur, administrateur, comptable, mais non pas comme premier rôle. Propositions dégradantes pour un homme qui a une chevelure pareille !

En réalité, malgré ses efforts sincères, il n’était plus l’homme du moment. « Ton genre est perdu en province », lui répétait sa femme.

Avec beaucoup de bonne volonté, il s’essayait à jouer le drame. Nous le verrons bien-