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LE MARI DE LA POÉTESSE

ce petit billet qu’il adressait quelque temps après à Mme Récamier :

J’ai vu, il y a peu de jours, un bon et honnête vieillard qui s’afflige profondément de votre oubli. Il n’y a point de caractère et d’âge différents qui puissent échapper à cette peine-là. Il est si honorable et si doux d’avoir avec vous quelques rapports que le sentiment de son chagrin est bien naturel. Vous comprenez, Madame, que je parle de M. Valmore[1].

Du reste, Marceline, comme dit le respectable oncle, a enfin touché sa pension. Ses amis ont triomphé de ses scrupules. Elle viendra elle-même vous remercier au printemps prochain.

En réalité, cette visite n’eut lieu que dix ans après. La bénéficiaire, toujours scrupuleuse, avait hésité longtemps à toucher un secours si nécessaire et si opportun : elle l’abandonna au pauvre diable de peintre, dont il vient d’être question et qui subsistait misérablement. Le 30 avril 1828, il finit par mourir, et Marceline prit possession de cette pension, qui devait jusqu’à la fin constituer son principal, pour ne pas dire son presque unique revenu. Ses admirables poèmes n’ont cessé d’être publiés et republiés ; ils ont pu enrichir cer-

  1. Il veut dire M. Desbordes, car le contexte prouve qu’il s’agit ici du cher oncle Constant, le peintre.