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LE MARI DE LA POÉTESSE

voisin de Latouche, installé dans un modeste et célèbre pavillon.

Dans ces diverses réunions, au faîte de la société française, il était souvent question des pauvres Valmore, exilés dans les froides coulisses de Lyon ou de Bordeaux. Hyacinthe y lisait de sa voix prenante, quoique voilée, des vers de Marceline : plus tard, il la présenterait en personne, et toute tremblante, au cénacle de l’Abbaye-aux-Bois.

Or, en 1825, le poète se rendait bien compte que la publication tant escomptée des Élégies nouvelles ne parviendrait pas à alléger le budget si embarrassé des Valmore. Il fallait inventer autre chose. Il ne pouvait offrir de l’argent à Marceline, qui aurait vu dans cette offre la plus cruelle injure. Que faire ?

L’idée vint de Juliette. Le duc de Montmorency, élu à l’Académie, en remplacement de Bigault de Préameneu, déclarait qu’il ne toucherait pas sa pension académique, qui atteignait alors douze cents francs, et qu’il l’attribuerait très volontiers à un littérateur dans l’embarras. Pourquoi pas à cette touchante Mme Desbordes-Valmore, chargée de famille, là-bas, à Bordeaux, et dont les vers s’affirmaient si délicieux ? L’affaire fut réglée en un tournemain.

Malheureusement, ce secours qui leur tombait du ciel, les Valmore n’en voulurent pas. Non point que Prosper y vît l’occasion d’y fixer sur quelqu’un sa jalousie toujours en